Ce communiqué, diffusé sur Facebook, est intitulé « suite aux violences commises ce jour par le service d’ordre de la CGT. » Nous le reproduisons ici ci-dessous. Pourquoi ? Pour commencer, il est très « déplaisant » : il n’est pas agréable pour des cégétistes de voir leur organisation être ainsi mis en cause. Il faut le faire connaître, y compris pour permettre une réponse, pour que le débat soit public, transparent. Enfin, il nous interroge : comment l’UD CGT fonctionne t-elle ? Nous avons eu des échos sur une affaire, dont, jusqu’ici nous nous sommes abstenus de parler précisément, mais dont beaucoup d’éléments sont comparables à ce qui se passe là. Notre ambition, rappelons-le, est le renforcement, par le syndicalisme mis en pratique, de la CGT. C’est pour cela que nous invitons ceux qui voudraient faire un commentaire du genre « publier un truc comme cela n’aide pas au renforcement de… », à s’abstenir d’un commentaire pour rien, parce qu’il faut parler des problèmes qui existent, dans la mesure où seules les solutions collectives permettent d’avancer, en faisant disparaître tout ou partie de ces problèmes. Au-delà de cette publication et des questions qu’elle pose explicitement et implicitement, reste la question la plus importante : que penser de la stratégie de la CGT face aux ordonnances, jusqu’ici et maintenant, maintenant que M. Macron les signe pour les valider ?
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Aujourd’hui à Bordeaux, une manifestation contre Macron et sa politique antisociale a rassemblé plusieurs milliers de personnes. Dans toutes la France, ce sont des centaines de milliers de personnes qui ont défilé contre Macron et ses ordonnances. Si les médias parlent déjà d’affaiblissement du mouvement car il y a un peu moins de Monde que la semaine dernière, ils oublient aisément que de nombreux appels à la grève ont été lancés pour la semaine prochaine et que des blocages économiques sont d’ores et déjà prévus, notamment par les routiers qui sont en grève illimitée à partir de lundi. Aussi, la mobilisation des fonctionnaires à partir du 10 Octobre, avec un appel de tous les syndicats, du jamais vu depuis dix ans, laisse présager un embrasement et un mouvement de grande ampleur et de convergence des luttes.
Aussi, à Bordeaux aujourd’hui, il y avait beaucoup de jeunes dans le cortège. Quand ceux-ci ont décidé de prendre la tête de la manifestation pour lui donner du dynamisme, le service d’ordre de la CGT a répliqué en les frappant, en essayant de voler la banderole, en se servant de torches comme des matraques, au risque de brûler des manifestants et même en bloquant une partie des jeunes pour finir par leur dire d’avancer une fois que les flics étaient prêts à intervenir, le SO se faisant ainsi l’auxiliaire de la police.
Néanmoins, nous tenons à remercier les militants CGT qui ont soutenu l’initiative des jeunes, se sont opposés au service d’ordre de leur syndicat et ont essayé d’apaiser la situation, ce qui montre bien qu’un certain nombre de militants syndicaux soutiennent la création d’un cortège de tête unitaire.
Que les choses soient bien claires, l’existence d’un cortège de tête unitaire regroupant des jeunes, des vieux, des salariés, des chômeurs, des syndiqués, des non syndiqués, des autonomes, des anarchistes, des antifascistes etc dans la plupart des villes de France montre bien qu’une unité est possible malgré nos divergences idéologiques et nos différentes façons de militer. Aussi, Bordeaux fait partie des rares villes où l’union départementale CGT avec à sa tête Corinne Versigny, refuse catégoriquement la présence de jeunes en tête de cortège et fait tout pour les décourager de venir aux manifestation avec des méthodes des plus sournoises, privilégiant ainsi leurs intérêts à ceux du mouvement social. Nous, jeunes, membres des cortèges unitaire et à l’occasion du cortège de tête, nous, militants, présents à toutes les manifestations pour, comme les militants syndicaux, défendre nos droits, voulons adresser un message clair à la direction de l’Union départementale CGT : vous n’êtes pas les seuls militants sur Bordeaux, vous n’êtes pas les seuls à participer aux mouvements sociaux, ces mouvements sociaux ne vous appartiennent pas, vous n’êtes pas les seuls à avoir le droit d’utiliser la bourse du travail, elle ne vous appartient pas à vous, mais à tous les militants et tous les travailleurs.
Aussi, vous n’êtes pas légitimes pour décider systématiquement des horaires, des lieux et des parcours ce manifestation sans même consulter les milliers de militants qui participent également à organiser et à ramener du Monde à ces manifestations. Et que les choses soient claires, nous ne nous en prenons pas aux militants de la CGT qui sont des camarades et avec qui nous souhaitons lutter, nous nous en prenons à la direction bureaucratique d’une union départementale dont l’ambition est plus d’obtenir un poste au chaud à la direction nationale ou dans un ministère que mener une réelle lutte sociale. Quant aux bases militantes, sincères dans leur démarche, nous les appelons à s’opposer à leur direction et à rejoindre soit le cortège unitaire réuni autour des camions de SUD et de la CNT, soit à rejoindre le cortège de tête et à nous aider à le former. Nous souhaitons créer une réelle unité militante, celle-ci passe par le fait pour la CGT d’accepter qu’ils ne sont pas les seuls et que les mouvements sociaux ne leur appartiennent pas. Cette réelle unité passe aussi par le fait que les gens comprennent bien que nous n’avons rien contre les bases militantes, bien au contraire, mais que toute notre colère se dirige contre les directions bureaucratiques qui gèrent les mouvements sociaux comme des patrons gèrent une entreprise.
Le mouvement social qui vient semble être l’occasion parfaite de recréer un syndicalisme de combat, un syndicalisme radical et non soumis à une bureaucratie. Le mouvement social qui vient semble être l’occasion rêvée de créer des liens entre les syndiqués et les milieux autonomes, entre les salariés et les étudiants, entre les chômeurs et les retraités, bref, entre toutes les personnes participant au mouvement, sans rester chacun derrière notre bannière.
Nous appelons tous les syndiqués et plus globalement toutes les personnes désireuses de construire un mouvement radical, s’opposant radicalement à la politique anti-sociale de Macron et plus globalement au capitalisme à nous rejoindre, dans les AG que nous organisons, via le collectif de lutte 33, via l’alter-syndicale, via le cortège de tête, via les actions de blocage qui arrivent. Quant aux camarades de la CGT, n’oubliez jamais, nous n’avons rien contre vous, bien au contraire.
Congres UD CGT Gironde 2016 
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